Rapport : Déterminants de la diversité alimentaire chez les femmes de 15 à 49 ans

La diversité alimentaire est une mesure qualitative de la consommation alimentaire. Elle rend compte de la variété des aliments auxquels ont accès les individus ou les ménages. Elle constitue, au niveau individuel, une mesure approchée de l’adéquation nutritionnelle du régime alimentaire.
Il existe un guide pour mesurer la diversité alimentaire au niveau du ménage et de l’individu publié par la FAO et l’UE incluant un questionnaire standard sur la diversité alimentaire ayant permis d’institutionaliser la collecte des données de cet indicateur dans les enquêtes Survie de l’Enfant de Type SMART à partir de 2020. C’est pourquoi ce rapport technique porte sur les déterminants de cet indicateur chez les femmes en âge de procréer et constitue un important outil d’aide à la décision dans le processus de lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes. Il répond au besoins d’information et d’analyse exprimés dans le Plan Cadre d’Analyse 2023-2024 de la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition.
Cette étude a mis à profit les résultats des enquêtes SMART conduites de 2020 à 2022 pour réaliser des analyses secondaires sur les tendances de la diversité alimentaire et ses déterminants chez les femmes âgées de 15 à 49 ans. Les analyses réalisées sont principalement des analyses descriptives
et/ou comparatives et de causalité (régression logistique). Les trois bases de données des enquêtes SMART 2020, 2021 et 2022 ont été fusionnées pour assurer la robustesse et la puissance de la modélisation logistique.
Les résultats de cette étude ont révélé que la proportion des femmes âgées de 15-49 ans ayant une diversité alimentaire minimale adéquate, déjà faible, a baissé régulièrement au niveau national entre 2020 (53,3%) et 2022 (37,0%). La dégradation de la qualité de l’alimentation observée au Niger est d’autant plus inquiétante que les perspectives de renverser les tendances
actuelles sont assombries par la récente crise politique de 2023 en plus de celles structurelles déjà existantes comme l’insécurité et les conséquences du changement climatique.
La structure de l’alimentation des femmes est monotone et peu diversifiée composée essentiellement d’aliments de base (céréalières, tubercules et racines), de légumes feuilles vert foncé et dans une moindre mesure de niébé. Les œufs et autres produits animaux, les noix, les fruits et légumes riche en vitamine A et autres micronutriments sont faiblement consommés. L’analyse des déterminants de la diversité alimentaire chez les femmes en âge de procréer et ses disparités entre les régions administratives révèle que les femmes vivant dans les régions d’Agadez et de Niamey présentent des proportions de personnes ayant une bonne diversité alimentaire plus élevées que dans les autres régions. Quelques hypothèses explicatives ont été identifiées dans ce rapport comme par exemple les systèmes d’approvisionnements alimentaires plus diversifiés et plus performants durant toute l’année, un meilleur accès aux services sociaux (santé et éducation) et des indices synthétiques de fécondité plus bas que dans les autres régions. Plusieurs déterminants modifiables pour lesquelles des solutions techniques existent sont positivement liés à une meilleure diversité alimentaire minimale adéquate. Ces déterminants sont biologiques individuels comme l’absence de l’anémie ou socio-économiques relatifs au ménage comme les sources de revenus monétaires réguliers provenant du salariat ou du commerce, l’absence ou la présence de moins de trois enfants de moins de cinq ans et l’accès aux installations sanitaires. Des solutions techniques programmatiques (prévention de l’anémie, mise en place des ouvrages d’assainissement et Assainissement Total Piloté (ATPC) par les Communautés et lutte contre la pauvreté) sont déjà mises en œuvre au Niger. Toutefois, les couvertures des interventions permettant de les modifier favorablement sont encore faibles pour maximiser leurs bénéfices sur l’atteinte de la diversité alimentaire minimale adéquate chez les femmes de 15-49 ans.