PNIN NIGER UN OUTIL DE DIALOGUE POLITIQUE ET D’IMPULSION DES CHANGEMENTS

Un outil de dialogue politique et d’impulsion des changements : La Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition (PNIN) du Niger

Introduction

La mise en place des Plateformes Nationales d’Information pour la Nutrition (PNIN) doit permettre de stimuler le dialogue politique et d’influencer positivement le changement décisionnel à partir d’analyses permettant de répondre aux questions prioritaires des pays dans le domaine de la nutrition. L’utilisation de données multisectorielles existantes pour répondre à des questions pertinentes validées par les pays nécessite des compétences de différents secteurs, ainsi qu’une communication efficace entre les parties prenantes dans le pays.

Les pays disposent de données pouvant alimenter les prises de décisions factuelles, telles que les enquêtes nutritionnelles auprès des ménages et des groupes cibles, les systèmes sectoriels d’information de routine (santé, développement rural, agriculture et élevage, éducation, eau, hygiène et assainissement, environnement, et protection sociale par exemple) qui ne sont pas toujours utilisées efficacement pour soutenir la prise de décision. En général, les détenteurs de ces données n’ont pas toujours la capacité, le temps ou les moyens de réaliser des analyses approfondies de leurs données, de les combiner ou comparer avec d’autres sources de données. Les producteurs d’informations n’ont pas également les capacités d’interpréter les résultats pour répondre à un questionnement prioritaire national et infranational ou pour satisfaire une demande politique d’information précise. Enfin, il n y a pas une « culture » de demande systématique d’évidences pour informer la prise de décision à différents niveaux du pouvoir politique et la formulation des documents stratégiques.

La Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition (PNIN), inspirée par La Plateforme nationale d’évaluation (NEP) mises en œuvre au Malawi, au Mali, au Mozambique et en Tanzanie, vise ainsi à renforcer les capacités d’institutions nationales pour utiliser les données existantes issues de diverses sources en vue d’améliorer la prise de décisions politiques [1-2]. La PNIN  permet également d’influencer positivement la planification stratégique, de tendre vers une meilleure allocation des ressources et l’accroissement des investissements requis. Les PNIN appartiennent aux gouvernements qui les conduisent et en utilisent les résultats de manière cyclique. Elles produisent des évidences, diffusent des messages basés sur les évidences tournées vers l’action de manière à saisir les opportunités qui résultent des différents agendas politiques. Ainsi, les PNIN reposent sur un montage institutionnel adapté à l’écosystème multisectoriel de la nutrition dans chaque pays bénéficiaire. Dans ce contexte et au niveau mondial, l’unité d’appui international (GSF – Global Support Facility – ) apporte l’assistance technique de proximité sous forme de notes d’orientation, d’ateliers de renforcement des capacités et de missions de courte durée sur la demande des pays.

Le Niger est le premier pays d’Afrique de l’Ouest à avoir adhéré à l’initiative et mis en place sa Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition à partir de juin 2017, sur financement de l’Union Européenne (UE), au Niger, de UK AID et de la Fondation Bill et Melinda Gates. Le mécanisme institutionnel et organisationnel de la PNIN est orienté vers l’appropriation nationale dans la perspective de sa pérennité post phase de 3projet.

Cette note de synthèse documente la structure organisationnelle, le processus de mise en œuvre, les résultats obtenus, les défis et opportunités un an après le démarrage des activités de la PNIN au Niger.

Organisation de la PNIN au Niger

Objectifs visés

La PNIN a pour objectif de produire de l’information de qualité sur la nutrition en fédérant l’ensemble des secteurs contributeurs de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN). Cet objectif permet de stimuler les besoins et demandes d’informations pour alimenter le dialogue politique usant des messages simples d’information, de sensibilisation et de plaidoyer à l’endroit des décideurs, des parties prenantes et des partenaires au développement.

Les trois principales finalités de la PNIN sont, 1) la création au sein de l’Institut National de la Statistique (INS) d’une unité de coordination et d’analyse capable de gérer, d’analyser et de diffuser l’information fiable et opportune relative à la nutrition ; 2) la création des capacités au sein d’institutions partenaires et de parties prenantes à : i) formuler des questions/demandes répondant selon les critères définis dans la note d’orientation sur la formulation des questions [réf.] ; ii) susciter des analyses afin de répondre à celles-ci et mesurer les progrès effectués vers l’atteinte des cibles nationales en matière de réduction de la prévalence de sous-nutrition ; 3) ) la promotion de l’utilisation de l’information générée par la PNIN à des fins décisionnelles et stratégiques auprès des parties prenantes.

Cadre Institutionnel et de gouvernance de la PNIN au Niger

La structure de la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition (PNIN) a été mise en place progressivement au niveau national à travers deux types de financement : 1/ un contrat d’Assistance Technique internationale gérée avec le Cabinet Français de Réalisation d’Etudes et de Conseil (SOFRECO) : 2/  un contrat de subvention nationale dont le maitre d’œuvre est l’Institut National de la Statistique (INS).

Le pilotage stratégique de la PNIN est assuré par le Haut-Commissariat à l’Initiative 3N (HC3N), responsable de la gouvernance de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN).

L’unité de gestion de la PNIN est composée de huit représentants désignés par l’INS dont un représentant du HC3N qui assure également la coordination de la Cellule Nutrition du HC3N. Cette équipe est appuyée dans la mise en œuvre par un Analyste Principal contractuel durant toute la durée du projet et d’une équipe d’Assistance Technique (Figure 1). Les huit fonctionnaires nommés mais basés au sein de leurs institutions de tutelle, constituent l’Unité de Gestion de la PNIN créée par décision de l’INS du 24 Août 2017 [3]. Parmi les fonctionnaires mis à la disposition de la PNIN, seul le coordonnateur de l’unité est détaché de façon permanente pour le suivi et le fonctionnement du projet. Cette unité de gestion est soutenue par l’Assistance Technique Internationale de longue durée fournie par SOFRECO composée de trois experts internationaux de profils complémentaires basés à l’INS au sein de l’Unité de Gestion de la PNIN : 1/ un statisticien démographe, Chef d’équipe ; 2/ un conseiller en formulation de politiques et de communication stratégique en nutrition ; 3/ un expert en communication et technologie de l’information. L’Assistance Technique de longue durée est complétée par des recrutements d’experts nationaux et internationaux sur des courtes durées pour conduire des activités spécifiques selon les besoins de la PNIN à différents moments de la mise en œuvre du projet.

L’Unité de Gestion de la PNIN a pour principale mission de coordonner les activités et assurer le rapportage du projet.

L’équipe nationale de la PNIN travaille au quotidien avec celle de l’Assistance Technique Internationale de longue durée dans la perspective de renforcer les capacités nationales et de favoriser l’appropriation progressive du projet. La PNIN s’appuie également sur des points focaux en charge des statistiques au niveau des Directions des Statistiques des secteurs (Santé, Agriculture/Elevage, Hydraulique, Environnement et Education primaire) mis en place pour servir de relais et faciliter la collecte des données sectorielles et la communication avec les secteurs.

L’équipe PNIN interagit régulièrement, dans le cadre de la gestion du projet avec la Délégation de l’Union Européenne au Niger chargée du suivi régulier de la mise en œuvre des activités, du budget et des performances du programme. Enfin, la structure organisationnelle de la PNIN inclue un Comité National de pilotage et un Comité Technique.

 Le Comité National de Pilotage

Le Comité National de Pilotage  de la PNIN (COPIL) est placé sous la double coordination de l’Institution National de la Statistique et du HC3N. Le COPIL est chargé de définir les orientations stratégiques pour la mise en œuvre de la PNIN et d’approuver les différents rapports et programmes d’activités y compris le Pan Cadre d’Analyse de la PNIN 2019-2020 [4]. Le secrétariat dudit comité est assuré par le Directeur Général de l’Institut National de la Statistique. Le Comité National de Pilotage (COPIL) de la PNIN est composé, sous la présidence du Secrétaire Général du Ministère du Plan et deux vice-présidents, de neuf Secrétaires Généraux des Ministères directement ou indirectement liés à la nutrition, de la coordinatrice de la Cellule de Coordination du Système d’Alerte Précoce et du Point focal Sun. Le Représentant de la Délégation de l’Union Européenne est nommé comme observateur. Le Comité de Pilotage National a été créé spécialement pour la PNIN  par l’Arrêté du Ministère du Plan en mars 2018 [5].

Le Comité Technique

Le Comité Technique est placé sous la coordination du Haut-Commissariat à l’Initiative 3N (HC3N), un organe consultatif et d’orientation sur les questions techniques de nutrition dénommé « Comité Technique de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle » (CT/PNSN). Le Comité Technique de la PNSN (CT/PNSN) est chargé du suivi technique et de la coordination de la mise en œuvre à la fois de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN) et de la PNIN (Figure 2).

Le CT/PNSN assure également la révision et la validation technique des documents et des messages fournis par la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition (plans d’analyses pluriannuels, plan de formation, interprétations et analyses approfondies des données, etc.), des rapports de mise en œuvre et d’évaluation de la PNSN, des productions des groupes techniques de nutrition et des rapports d’activités des réseaux SUN du Niger. Le CT/PNSN est composé des représentants de tous les secteurs responsables des différents engagements de la PNSN, des partenaires et de la société civile. Le CT/PNSN a été créé en mars 2019 par l’Arrêté du Haut-Commissariat à l’Initiative 3N [6]. Bien avant sa création par Arrêté du HC3N, les documents de la PNIN étaient soumis à un comité informel créé pour le suivi à la fois de la PNSN et la PNIN au sein du HC3N.

Principales réalisations de la PNIN

Les réalisations à ce jour

Après un an de mise en œuvre, quatre principales actions ont été achevées en plus de l’installation de l’Assistance Technique et celle de l’équipe PNIN.

L’élaboration et la dissémination du rapport de démarrage de l’Assistance Technique pour la mise en œuvre de de la PNIN [7] a été assurée en février 2018. Il s’agit d’une feuille route détaillée de la mise en œuvre des activités de la PNIN prenant en compte les évolutions du contexte et des différents diagnostics dont celui du Système Informatique existant au sein des institutions ciblées (INS, HC 3N, Directions des Statistiques de l’Environnement, salubrité Urbaine et Développement durable, de l’Hydraulique et Assainissement, de l’Education Primaire, de la Santé, de l’Agriculture et de l’Elevage et des Systèmes Alimentaires). Ce rapport de démarrage passe en revue les organes de gouvernance de la plateforme, toutes les activités à conduire par résultat dans le cadre de l’Assistance Technique et de la subvention incluant les bases des données, le renforcement des capacités et les mécanismes de pérennisation de la plateforme.

Le Lancement Officiel de la PNIN a été une opportunité de plaidoyer et de communication sur la Plateforme. L’atelier de lancement s’est déroulé le 20  Novembre 2018 à Niamey sous le haut patronage du Ministre de la Santé Publique et en présence de l’Ambassadeur de la Délégation de l’Union Européenne au Niger. Ce lancement a été l’ossature de la célébration de la 28ème Journée Africaine de la Statistique. Plusieurs activités ont été conduites dont la visite des stands des différents producteurs nationaux d’informations statistiques suivis des présentations dont l’exposé du Projet PNIN (contexte, objectifs, résultats, activités), le publi-reportage provisoire et le portail de la PNIN. Plus de 80 parties prenantes ont participé à la dite cérémonie de lancement de la PNIN.

Le Renforcement des capacités d’institutions gouvernementales a porté sur plusieurs formations continues sur les bases des données et sur les concepts de la nutrition organisées à l’attention des Directions de la Statistique des secteurs ciblés et des Directions et Services de nutrition. Plus spécifiquement, un atelier sur l’apurement des données des enquêtes Nutritionnelles SMART (Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions) a été organisé par l’INS, un atelier sur l’anonymisation des données ainsi qu’une formation sur les concepts de base sur la nutrition et leurs méthodes de mesure et une formation en techniques rédactionnelles ont été organisés à la satisfaction de tous les participants par l’Assistance Technique de la PNIN. La PNIN a accueilli deux stagiaires de nationalité nigérienne venant de l’Ecole Nationale de Statistique et de l’Analyse Economique (ENSAE) de Dakar au Sénégal. Le développement des capacités, étant crucial pour la pérennité des acquis, va se poursuivre entre 2019 et 2022 en incluant la formation de longue durée de quelques cadres en nutrition et en statistique.

Le plan de communication de la PNIN a été élaboré et validé [8]. L’objectif général de ce plan de communication est d’informer sur les actions de communication et de visibilité de la PNIN entre 2018 et 2022 pour atteindre les objectifs de sensibilisation, d’information à la prise de décision et de diffusion des informations produites. Le plan de communication comprend les activités de communication interne (entre acteurs et bénéficiaires de la PNIN) et de communication externe (communication et visibilité vers et avec les acteurs externes de la PNIN). . Depuis la mise en place de la PNIN, plusieurs actions de communication internes et externes ont été conduites dont le publi-reportage sur les enjeux de la nutrition au Niger.

Les actions en cours de réalisation

Les organes de gouvernance de la PNSN incluant le Comité Technique ont été adoptés par le HC3N. De même, le Point focal en Charge de la Gestion Electronique des Données (GED) du HC3N a été nommé et le cahier de Charges du GED ou de procédures pour sa mise en place a été validé. Il s’agit maintenant de désigner les membres du CT/PNSN et d’assurer l’animation et le fonctionnement dudit Comité. Il est également important d’accélérer la mise en place de l’Assistance Technique de courte durée prévue pour l’opérationnalisation de la GED.

Les actions en cours au sein de l’INS concernent deux axes principaux. Le premier est relatif à la finalisation du Plan Cadre d’analyses 2019 – 20 [4] et sa validation par le Comité Technique de la PNSN ainsi que l’identification des questions d’analyses prioritaires et leur traitement en se référant aux différents niveaux du chemin d’impact des programmes de nutrition. Les données caractérisant les composantes du chemin d’impact (moyens, activités, produits, résultats et impact) et les contextes programmatiques seront collectées et leur qualité et faisabilité technique rigoureusement évaluées pour répondre aux questions ou sous-questions prioritaires dans la perspective d’obtenir des gains rapides sur le plan du dialogue politique incluant les prises de décisions factuelles requises. Le second axe en cours porte sur les bases des données et la définition des indicateurs de la PNIN en capitalisant entre autres la collecte des données de routine faite par les chargés d’appui sectoriels dans la perspective de finaliser le design de l’outil Nutrition Info du portail Web de la PNIN et assurer son ancrage et sa mise à jour régulière par l’INS en étroite collaboration avec les Secteurs de la PNIN.

Opportunités et Défis

Opportunités

Durant les trois dernières années, le Niger s’est engagé politiquement dans un long processus de planification stratégique et de formulation de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN) et de son plan d’action assortis d’un budget [9-10]. Ce processus conduit sous le leadership du Haut-Commissariat à l’Initiative 3N, a suivi une démarche fondée sur la participation de tous les acteurs et l’obtention de consensus techniques d’étapes basés sur une revue documentaire minutieuse et des études spécifiques telles que Fill the Nutrition Gap et le coût de la faim [11-12]. Plusieurs assistances techniques spécialisées complémentaires ont été conduites par l’UNICEF et d’autres partenaires à différents moments de la formulation des documents stratégiques de la nutrition. Pour la première fois, le pays est doté des documents validés de politique de sécurité nutritionnelle et de son plan d’action assortis d’un budget. Le plan d’action multisectoriel 2017 – 19 est en parfaite cohérence avec le document de la PNSN. Cette phase de planification stratégique a été achevée par l’adoption officielle de la Politique de la Sécurité Nutritionnelle en novembre 2018 et son lancement en Décembre 2019. Cet effort d’engagement politique réel et concret de planification stratégique multisectorielle offre un socle solide pour le développement des activités de la PNIN (Figure 3). La PNIN bénéficiera de ce savoir-faire et de cette capacité organisationnelle pour amorcer le dialogue politique autour des résultats et informations générées grâce à la mise en œuvre du Plan cadre d’analyse 2019-2020. De même, La PNIN soutiendra la mise en place d’une dynamique similaire d’engagement politique en faveur de la mobilisation de nouveaux investissements dans le cadre du financement du plan multisectoriel, facteur mobilisateur pour sa mise en œuvre effective. Il existe plusieurs approches de projection des cibles de la malnutrition chronique (13-14). Nous avons utilisé ici l’approche d’évaluation des progrès à partir de la méthodologie de calcul de la réduction moyenne annuelle de la malnutrition chronique proposée par le Rapport de Nutrition Mondial (14).

Les leçons apprises de l’action humanitaire depuis plusieurs décennies [13] et les efforts réalisés dans les communes de convergence sont des opportunités à explorer pour porter progressivement à une plus grande échelle les expériences prometteuses multisectorielles de prévention de différentes formes de malnutrition. Les fonds humanitaires et ceux engagés dans les communes de convergence ont peut être empêchés une dégradation encore plus importante des malnutritions aigüe et chronique.

Le Niger est actuellement engagé dans la conduite d’enquête sur la consommation alimentaire et l’identification des aliments potentiellement fortifiables en micronutriments. Si toutes les mesures sont prises pour collecter des données de bonne qualité, il s’agira d’une opportunité réelle pour comprendre les modèles alimentaires et leur implication sur les différentes formes de malnutrition.

Quelques Défis

Le premier défi à relever est l’effet du « pessimisme » de la majorité de la communauté des Partenaires Techniques et Financiers sur le poids de leur assistance (technique et financière) pour inverser les tendances actuelles des différentes formes de malnutrition. Cette situation contraste avec l’engagement politique et le désir de faire face à la situation par la partie gouvernementale. La PNIN pourrait jouer un rôle mobilisateur dans le domaine de la nutrition en réalisant par exemple des analyses descriptives simples mais hautement significatives sur les différentes formes de malnutrition et la couverture des interventions (sensibles et spécifiques) et en conduisant des exercices d’analyses budgétaires. Un dialogue serein et basé sur des évidences permettra d’avancer de façon constructive et convaincante dans la mise en œuvre du plan d’action multisectoriel dans les principaux secteurs concernés.

Le second défi majeur est l’accroissement prévisible des financements domestiques de la nutrition orientés vers la balance d’efforts entre la mise en œuvre des programmes de prise en charge de la malnutrition aigüe et la prévention de toutes les formes de la malnutrition. Il est ainsi important de créer des synergies entre les actions humanitaires et de développement de la nutrition en réalisant les investissements requis pour lutter contre toutes les formes de malnutrition.

Le troisième défi est celui de la qualité des données produites par enquêtes et celles de routine provenant des différents secteurs, mais aussi celui de l’absence des données sur la consommation alimentaire qui reste un problème récurrent dans la majorité des pays africains. Ces données sur la consommation alimentaire permettent d’anticiper des évolutions des modèles de consommation alimentaire, en particulier des modèles néfastes pour la santé et d’y faire face à temps. La PNIN contribuera à l’amélioration de la qualité des données en formulant des recommandations précises et en aidant à conduire une enquête sur la consommation alimentaire financée également par la Délégation de l’Union Européenne.

Le quatrième défi est l’absence d’un cadre commun de redevabilité et de soutien à l’évaluation régulière des progrès dans la mise en œuvre du plan multisectoriel de la nutrition développant des synergies et convergences programmatiques entre les différents secteurs (santé, systèmes alimentaires, protection sociale, éducation et environnement incluant eau et assainissement). La PNIN pourra aussi soutenir la mise en place de ce mécanisme qui permettra l’accélération de l’amélioration de l’état nutritionnel.

Le cinquième défi est la pérennité de la PNIN au-delà de la phase programme. Des discussions sont en cours au sein de l’INS et HC3N sur les aspects relatifs à l’institutionnalisation de la PNIN comme un organe pérenne de l’organigramme de l’INS. De même, la continuité du dialogue politique au fil du temps reposant sur l’utilisation des informations provenant d’analyses des données en s’insérant dans l’agenda gouvernemental devait être un des piliers de la pérennisation de la PNIN au sein de HC3N. Le contexte semble favorable avec la mise en place récente des organes de gouvernance de la PNSN et les actions en cours de relocalisation du point focal SUN à un niveau institutionnel suffisamment haut pour assurer le portage politique de l’agenda SUN au Niger.

Conclusion

En dépit d’un contexte institutionnel favorable au développement de la PNIN, il y a encore de nombreux défis à surmonter et un long chemin à parcourir pour assurer l’atteinte des résultats visés. La capitalisation de l’expérience acquise dans le développement de la PNSN et de son plan d’action aidera à amorcer  le dialogue politique autour des enjeux de la nutrition et des investissements prioritaires  La structure organisationnelle de la PNIN est appropriée et son intérêt de plus en plus reconnu au niveau national. Cette reconnaissance lui permet d’établir des partenariats stratégiques avec le mouvement Scaling Up Nutrition et d’autres initiatives pour aboutir aux changements requis afin d’être sur la voie de l’atteinte des cibles directement liées à la nutrition des Objectifs du Développement Durable (ODD).

 

Références

  1. Heidkamp R, Group NEPW. The National Evaluation Platform for Maternal, Newborn, and Child Health, and Nutrition: From idea to implementation. J Glob Health. 2017 Dec;7(2):020305.
  2. Victoria CG, Black RE, Boema JT, Bruce J. et al. Measuring impact in the Millennium Development Goal era and beyond : a new approach to large scale effectiveness evaluations ; The Lancet. 2011; 377: 85-96. Doi :10.1016/S0140-6736(10)60810.0. [PubMed]
  3. MP/INS. Décision No 0095/MP/INS/DG/DRH/DARC du 24 Août 2017 portant création, attributions et composition d’une Unité de Gestion de la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition, à l’Institut National de la Statistique (INS). Niamey, Niger
  4. INS/HC3N. Plan Cadre d’Analyse de la PNIN. Version Provisoire, Mars 2018.
  5. Arrêté No 00009 /MP/INS du 28 mars 2018 portant création d’un Comité National de Pilotage de la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition (PNIN) ; Niamey, Niger.
  6. Arrêté No 001/Cab HC3N du 01 mars 2019 portant création, composition, attributions et fonctionnement du Comité Technique  de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle. Niamey, Niger.
  7. République du Niger/UE. Rapport de démarrage. Assistance Technique pour la Mise en place de la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition, Mai 2018, EuropAid/139-061/DD/SER/NE. Rapport NiPN/ SOFRECO.
  8. INS/HC3N/AT PNIN. Plan de Communication de la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition. Octobre 2018. Niamey, Niger
  9. République du Niger. Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle au Niger 2017-25. Décembre 2019
  10. République du Niger. Plan d’Action Multisectoriel 2017-2019 de la Politique Nationale de la Sécurité Nutritionnelle. Décembre 2019.
  11. République du Niger. Fill the Nutrient Gap. Résultat de l’Analyse. Rapport Final, Octobre 2019.
  12. République du Niger/ COHA. Le Coût de la Faim en Afrique : L’incidence sociale et économique de la malnutrition chez l’enfant au Niger. Rapport HC3N /NEPAD/PAM/ECLAC, 2018.
  13. European Commission. Country Profile for Nutrition, Niger. July 2017
  14. International Food Policy research Institute. 2015. Global Nutrition Report 2015 : Actions and accountability to Advance Nutrition and Sustainable Development. Washington, DC.
  15. République du Niger/HC3N. La Nutrition : Un investissement rentable et vecteur de transformation. Rapport HC3N.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.