Du 11 au 15 février 2019, un atelier a été organisé à Niamey par la Cellule Nutrition du HC3N et l’Equipe PNIN. Cet atelier avait pour but de finaliser le protocole en obtenant un consensus sur les principales observations de « Intake – Center for Dietary Assessments ». Après le mot de bienvenue de l’Assistant Technique de la FAO/FIRST au Niger, une mise à jour a été faite sur les enquêtes FRAT, les enquêtes de consommation alimentaire, les avantages et risques liés à l’intégration de ces deux types d’enquêtes ainsi que la base de données GIFT de la FAO[1] . La pertinence de la décision prise par le Niger pour conduire cette enquête dans les cinq régions les plus affectées par la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans (Maradi, Dosso, Tahoua, Tillabéri et Zinder) a été renforcée par la projection de deux courtes vidéos de « Intake » sur la nécessité de rendre disponible les données sur la consommation alimentaire des populations vulnérables dans les pays en développement et de la Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition (PNIN) sur le renforcement des capacités des systèmes d’information pour la nutrition au Niger.
A l’issue de l’atelier, un consensus a été obtenu en conciliant les exigences techniques de ce type d’enquêtes et les priorités nationales en matière d’information. Les objectifs des enquêtes ont été ajustés ainsi que les groupes cibles et la taille des échantillons par cible retenue. Les enfants âgés de 6 mois à 23 mois et les adolescents âgés de 10 ans à 18 ans ont été retenus pour une représentativité sur les cinq régions mises ensemble tandis que les enfants de 24 mois à 59 mois, les adolescentes et les femmes de 19 ans–49 ans auront une représentativité régionale. Ainsi, 255 enfants âgés de 6 mois à 23 mois et 255 adolescents seront tirés au sort et enquêtés sur l’ensemble des cinq régions tandis 1 275 sujets pour chacun des autres groupes cibles seront enquêtés. L’enquête couvrira au total 4 335 sujets appartenant aux cinq groupes cibles identifiés.
Les aspects opérationnels de l’enquête FRAT ont été discutés en s’inspirant de l’expérience de plus de 15 ans dans le domaine de la fortification alimentaire en Afrique de l’Ouest. Les enquêtes FRAT reposent sur une approche combinant un questionnaire simplifié sur le rappel de 24h ciblant uniquement les vecteurs sélectionnés et un questionnaire de fréquence alimentaire permettant de renseigner le nombre de jours de consommation de chaque aliment vecteur potentiel durant la semaine précédant l’enquête. Ces enquêtes permettent de déterminer des aliments vecteurs potentiels pour leur enrichissement en micronutriment et un premier examen des niveaux d’enrichissement effectifs. L’identification des vecteurs alimentaires potentiels doit être guidée au minimum par les critères suivants : (i) consommés régulièrement tout au long de l’année par un grand nombre de personnes à risque de carences en micronutriments ; (ii) transformés de manière centralisée sur un petit nombre de sites. En Afrique de l’Ouest, plusieurs aliments transformés sont actuellement enrichis en micronutriments (iode, vitamine A, Fer, vitamines du groupe B et zinc). Il s’agit du sel, huiles de cuisine, margarines, farine de blé, sucre et bouillons cubes.
L’enquête de consommation alimentaire par rappel de 24h permettra d’évaluer les apports alimentaires et nutritionnels pour chacun des groupes cibles de l’enquête dans la perspective de cerner des profils de consommation alimentaire bénéfiques ou néfastes à la santé. La conduite de ce type d’enquête est difficile et exigeante que cela soit sur le plan de sa planification, de la collecte des données, de l’analyse et de l’interprétation. Les principales conditions de succès pour obtenir une très bonne qualité des données alimentaires par rappel de 24h sont :
- Une qualité optimale tant sur le plan technique que logistique de toutes les étapes de la planification des enquêtes comme par exemple une table composition des aliments à jour, la liste complète et à jour des recettes des plats et boissons composés, la maitrise d’une méthode validée de l’estimation des portions consommées à domicile et hors domicile par les différentes cibles dans les cinq régions et les références pour l’estimation des besoins nutritionnels ;
- L’acquisition d’un logiciel permettant l’estimation des apports en nutriments à partir du grammage des produits alimentaires consommés par les groupes cibles ;
- Un choix minutieux des enquêteurs et des superviseurs et leur formation intensive durant au moins dix jours ;
- Un bon ratio entre superviseurs et enquêteurs.
Plusieurs étapes ont été franchies par l’équipe de pilotage de l’enquête. Pour respecter l’échéance du démarrage de la phase de terrain prévue en octobre 2019, il est important de travailler de façon coordonnée et intensive tout en déchargeant des autres tâches routinières les principaux membres de pilotage de l’enquête. L’assistance de courte durée additionnelle de la PNIN avec deux consultants en voie de recrutement est une bonne initiative.
[1] La FAO et l’OMS travaillent ensemble pour enrichir FAOSTAT d’une base de données mondiale polyvalente (GIFT) accessible au public grâce à la compilation et à l’harmonisation des données existantes recueillies dans le cadre d’enquêtes individuelles sur la consommation alimentaire menées aux niveaux national et sous-national. Cette base de données contribuera à accroitre la capacité de toutes les parties prenantes à surveiller la consommation alimentaire individuelle. Elle est actuellement fonctionnelle et fournit des indicateurs alimentaires relatifs à la nutrition et la Sécurité Sanitaire des Aliments (SSA).