Au Niger, les tendances de la malnutrition chronique des enfants de moins de cinq (5) ans au niveau des régions divergent : les régions de Zinder et de Maradi ont les prévalences les plus élevées (supérieures à 60 %), suivies des régions de Diffa, Tahoua, Dosso et Agadez qui ont des prévalences supérieures à 30 % (SMART 2018). Enfin, la région de Niamey a une prévalence moyenne inférieure à 20 %. Selon l’analyse des tendances effectuées par la PNIN, « Le défi majeur est donc de maintenir et d’accélérer la tendance régulière à la baisse de la malnutrition chronique observée à Niamey et de renverser dans le même temps celles observées dans toutes les autres régions ». Ainsi, la présente analyse se propose de contribuer à une meilleure connaissance des sources de changement du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq (5) ans à Niamey à partir des données des Enquêtes Démographiques et de Santé et à Indicateurs Multiples (EDSN-MICS de 2006 et 2012). Cette analyse se base sur une approche descriptive de la décomposition (simple et avancée) et permet non seulement de valoriser les données existantes mais également d’essayer de comprendre les facteurs sous-jacents ayant participé à la baisse de la prévalence de la malnutrition chronique si particulière à Niamey.
Selon les résultats issus de la décomposition de base, la baisse du niveau de retard de croissance chez les enfants de moins de (5) cinq ans incombe à la fois à une modification de la structure des enfants et à l’effet de performance des politiques. Mettant en avant la méthodologie utilisée, l’article permet d’identifier les groupes ayant le plus favorisé la baisse de la prévalence de la malnutrition chronique à Niamey (instruction, niveau de vie, régime alimentaire) ou au contraire ceux ayant contribué à entraver la baisse de cette prévalence (notamment les ménages ayant un niveau de vie moyen).
L’émergence des classes moyennes urbaines suscite de l’espoir pour le développement urbain et la réduction progressive des inégalités. Cependant au Niger, les classes moyennes urbaines se précarisent et représentent une grande vulnérabilité à la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq (5) ans. Cette étude alerte sur la nécessité de nuancer l’optimisme de développement suscité par cette classe sociale et le besoin d’initier des actions urgentes en sa faveur pour accélérer les progrès de lutte contre la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq (5) ans à Niamey.
Les résultats de cette étude suscitent quelques implications politiques pour les classes « moyennes » et « pauvres » de Niamey :
- Intensifier les politiques visant à améliorer la performance du système de santé et l’accès aux soins pour une amélioration des conditions sanitaires et nutritionnelles, vue la prépondérance de l’effet de performance de base du niveau de retard de croissance. Ces politiques doivent prioriser par exemple le financement efficient du système de santé dont l’approche basée sur la performance et l’amélioration de la couverture des interventions préventives de nutrition. Elles doivent aussi consacrer des investissements de masse dans le domaine de l’hygiène, de l’assainissement et de la santé publique ;
- Promouvoir et intensifier les émissions médiatiques sur l’éducation nutritionnelle des filles (futures mères) combinées aux actions communautaires de diffusion du savoir à travers les médias et les campagnes de communication pour le changement de comportement (CCC) pour l’accomplissement des pratiques adéquates de soins nutritionnels et de santé face à un environnement socioculturel communautaire et familial moins favorable aux universels modernes ;
- Intensifier les politiques économique et sociale de lutte contre la pauvreté dans les ménages « pauvres » et « moyens » à plus « faible » par la promotion d’une politique sociale basée sur une approche intégrée dans la conception des programmes et projets de développement inclusifs et équitables (systèmes alimentaires, commerce, éducation, assainissement, hygiène, approvisionnement agro-alimentaire et aliments de compléments fortifiés en micronutriments comme par exemple les bouillies fortifiées promues dans les quartiers péri-urbains de Niamey, etc.) à même d’améliorer le statut nutritionnel de l’enfant ;
- Faire davantage des campagnes de sensibilisation auprès des mères pour leur présenter les bienfaits d’une bonne alimentation diversifiée sur le développement physique et cognitif de leurs enfants.