Depuis 2005, le Niger réalise chaque année, une enquête SMART sur la nutrition et la mortalité rétrospective. Le rapport final de l’enquête SMART 2022 vient d’être validé par les acteurs nationaux et les partenaires techniques et financiers du Niger. Cette enquête est basée sur la méthodologie SMART (Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transition) et sur les directives de l’Enquête élargie standardisée de nutrition (Standardized Expanded Nutrition Survey – SENS-Version 1.3, Mars 2012). Il s’agit d’une méthode d’enquête transversale, standardisée et simplifiée avec une collecte des données utilisant des tablettes dans le but d’améliorer la qualité des informations collectées.
L’enquête a été conduite sur toute l’étendue du territoire national avec une représentativité au niveau régional pour sept régions (Agadez, Diffa, Maradi, Tahoua, Tillabéri, Zinder et Niamey) et au niveau départemental pour la région de Dosso. Par ailleurs, l’enquête a été représentative au niveau départemental dans le département de Maïné Soroa (région de Diffa), et les départements de Illéla, Konni et Tahoua (région de Tahoua).
La collecte des données s’est déroulée du 20 Août au 16 Septembre 2022 dans les régions d’Agadez, Diffa, Maradi, Tahoua, Tillabéri, Zinder et Niamey et du 2 au 27 Septembre 2022 dans la région de Dosso.
La prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) chez les enfants de 6 à 59 mois est de 12,2% en 2022. Cette prévalence est élevée selon les seuils de sévérité de l’OMS fixé à 10%- . Elle est restée quasiment au même niveau comparativement à l’année 2021 (12,5%). Celle de la malnutrition aiguë sévère est de 2,4%.
La prévalence de la MAG varie d’une région à une autre. En effet, elle évolue entre 7,8% à Niamey et 13,6% à Maradi. On note une baisse importante de la MAG dans la région de Diffa (de 16,1% à 11,5% entre 2021 et 2022). Par contre, elle a augmenté dans les régions de Dosso et Tillabéri par rapport à 2021.
La malnutrition chronique ou retard de croissance affecte 47,0% des enfants de moins de cinq ans au Niger en 2022. Elle se situe largement au-dessus du seuil très élevé défini par l’OMS (30%). Elle varie de 18,5% à Niamey à 61,7% à Maradi. Toutes les régions présentent des prévalences très élevées (supérieures à 30%) à l’exception de Niamey où elle est relativement moyenne.
Les résultats montrent aussi que 70,3% des nouveau-nés sont mis au sein dans la première heure ayant suivi leur naissance. Par ailleurs, 21,8% des nourrissons de 0 à 5 mois sont exclusivement allaités au sein. De même, 78,3% des enfants âgés de 12 à 23 mois sont encore allaités et 80,6% de ceux de 6 à 8 mois reçoivent en plus du lait maternel un aliment de complément. Cependant, seulement 6,7% et 8,7% des enfants de 6 à 23 mois ont respectivement une alimentation minimale acceptable et une diversité alimentaire minimale acceptable.
La prévalence de la malnutrition aiguë globale s’élève à 3,6% chez les femmes de 15 à 49 ans. Elle est restée stable par rapport à 2021 (3%). La proportion des femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) qui ont une diversité alimentaire minimale acceptable est de 37% au niveau national.
Par ailleurs, l’anémie affecte plus d’un enfant de 6 à 59 mois sur deux (55,5 %) et environ une femme de 15 à 49 ans sur deux (46,1%) en souffre en 2022.
Les résultats de cette enquête plaident en faveur d’un renforcement de la promotion et de la protection des pratiques optimales d’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant (ANJE) à travers les 1 000 premiers jours du cycle de vie (de la grossesse jusqu’aux deux premières années). Ainsi, la mise en œuvre des interventions nutritionnelles à haut impact durant les 1 000 jours, la communication pour le changement social et comportemental ainsi que la production de données de qualité sont entre autres des recommandations formulées dans le rapport.