Etat des investissements financiers dans le domaine de la nutrition au Niger

Lors du lancement de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN) du Niger, le gouvernement a pris l’engagement de porter à au moins 15 % le financement domestique du coût des Plans d’Action Multisectoriels de la (PNSN). Le respect de cet engagement exige la connaissance de la part de financement dédié à chaque secteur contributif en faveur de la nutrition. Ainsi, le HC3N et ses partenaires, dont la PNIN, se sont engagés dans la conduite de l’analyse budgétaire du financement public de la nutrition pour les exercices 2016 et 2017. Les resultats de cette analyse sont destinés d’une part à alimenter le plaidoyer pour la mise en œuvre de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle à travers un dialogue avec les autorités publiques sur les manières d’augmenter l’efficacité, l’équité et l’efficience des dépenses publiques en matière de nutrition et d’autre part à fournira des informations utiles à l’élaboration en cours du second Plan d’Actions 2021-2025 de la PNSN. L’analyse budgétaire peut servir à diverses fins, à travers la planification multisectorielle, la budgétisation, la mobilisation des ressources financières surtout domestiques et la redevabilité pour la nutrition.

L’analyse Budgétaire se base sur l’approche du Mouvement Scaling Up Nutrition (SUN). Les résultats de cette analyse contribuent à la réponse à la question N°4 du Plan Cadre d’Analyses (PCA) 2019-2020 de la PNIN qui s’intitule « Quel est l’état des investissements financiers dans le domaine de la nutrition au Niger et ont-ils évolué conformément aux besoins budgétaires définis dans le plan d’action multisectoriel de la PNSN ? ».

Le volume des allocations budgétaires totales de nutrition au Niger s’est élevé à 268 milliards de francs CFA pour la période 2016-2017 dont 84 milliards en ressources propres. Les dépenses totales de nutrition s’élèvent à 190 milliards de francs CFA dont 59 milliards pour les ressources propres de l’Etat. L’allocation budgétaire pour la nutrition de l’Etat nigérien a été modeste (3,4 %) pour la période de 2016-2017. Ainsi, les allocations budgétaires de nutrition venant des ressources propres restent faibles par rapport au budget total national. Les Allocations ou dépenses totales de nutrition par Ministère couvrent majoritairement quatre secteurs pour les ressources propres de l’Etat : 1/ L’agriculture et systèmes alimentaires ; 2/ La santé et action sociale ; 3/ L’éducation ; 4/ La protection sociale.

Les financements externes ont occupé une place importante dans le budget de l’Etat : respectivement 115,6 % en 2016 et 68,8 % en 2017. Enfin, les taux d’exécution ont été estimés à 64,3 % pour 2016 et 77,5 % pour 2017.

La proportion des allocations et dépenses budgétaires totales de nutrition au Niger par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB) est très faible et pratiquement stagnante. Même si il n y a pas de cible de dépenses par rapport au PIB pour la nutrition dans la région africaine, l’alignement à la cible des dépenses pour l’eau et l’assainissement de 1,5% devrait être un minimum pour la nutrition. Ainsi, il faudrait multiplier par trois les dépenses de nutrition en 2017. Plus d’argent est requis pour des actions spécifiques et sensibles de nutrition alors qu’il y a une forte insuffisance des allocations et dépenses totales de nutrition par habitant/an.

Cet exercice a permis d’établir certaines recommandations.

  1. Compléter cette analyse budgétaire des allocations et dépenses en nutrition 2016-2017 avec celle de la période 2018-2019 (HC3N) ;
  2. Effectuer régulièrement le suivi budgétaire de l’État et des financements externes qui ne passent pas par les budgets nationaux et développer les capacités d’analyse (HC3N) ;
  3. Renforcer les capacités des acteurs clés y compris ceux de niveau décentralisé en nutrition, leadership et sur l’outil BOOST (HC3N) ;
  4. Renforcer la collaboration avec le Ministère des Finance sur le suivi régulier des allocations et des dépenses de la nutrition (HC3N) ;
  5. Engager pour la définition soit d’un programme nutrition à faire figurer dans la liste des programmes budgétaires, soit d’un sous-compte dédié à l’enregistrement des crédits en faveur de la nutrition dans la nouvelle programmation budgétaire qui a démarré en 2018 (HC3N) ;
  6. Renforcer le plaidoyer auprès des décideurs politiques et des PTFs afin qu’ils augmentent davantage leurs décaissements en faveur des interventions spécifiques et sensibles (HC3N) ;
  7. Concevoir et orienter les investissements sensibles à la nutrition de manière à viser des objectifs nutritionnels (Ministères Sectoriels) ;
  8. Améliorer l’archivage et l’accès à l’information des projets et programmes afin de rendre disponible les informations sur leurs composantes lors des exercices d’analyse budgétaire (Ministères Sectoriels) ;
  9. Accompagner le pays dans la réalisation régulière des analyses budgétaires de l’État et des PTFs (Partenaires) ;
  10. Renforcer la dynamique de plaidoyer autour de la nutrition afin d’accroitre les décaissements publics et des PTFs pour la nutrition (Partenaires) ;
  11. Mettre en place une stratégie décisive pour augmenter le budget national alloué à la nutrition (Gouvernement) ;
  12. Amener les allocations budgétaires de l’État à 15 % du financement du plan 2021-2025 de la politique nationale de sécurité nutritionnelle tel que recommandé par la coordinatrice du Mouvement SUN lors de sa mission au Niger (Gouvernement).

Liens vers le rapports d’analyse :

  • HC3N, PNIN et Al., « Rapport dur l’analyse des allocation budgétaires et dépenses annuelles de l’Etat dans le Sectuer de la Nutriton 2016-2017», 44 p., Mars 2020.
  • HC3N, PNIN et Al., Synopsie du « Rapport dur l’analyse des allocation budgétaires et dépenses annuelles de l’Etat dans le Sectuer de la Nutriton 2016-2017», 10 p., Mars 2020.

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