Profil nutritionnel des femmes selon les caractéristiques socio-économiques et sociodémographiques au Niger

Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Cadre d’Analyses de la PNIN en 2019, les analyses faites ont permis de répondre à la sous-question 8 de la question 1 qui s’intitule : « Quel est le profil nutritionnel des femmes selon les caractéristiques socio-économiques et sociodémographiques au Niger ? ». Le risque de malnutrition est illustré par la maigreur et le surpoids/obésité chez les femmes en âge de procréer au Niger à travers deux types d’analyses : 1/ Analyses descriptives ; 2/ Analyses économétriques qui permettent de justifier les éventuelles relations entre l’état nutritionnel des femmes en âge de procréer et les variables relatives aux caractéristiques socio-économiques et démographiques.

La maigreur, en baisse, est un fardeau rural tandis que le surpoids et l’obésité, en hausse, sont des problèmes plus présents en milieu urbain. L’anémie est présente avec des prévalences inacceptables aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. L’anémie concerne avec la même intensité aussi bien les femmes enceintes que les femmes non enceintes. L’anémie coexiste plus avec la maigreur en milieu rural et avec le surpoids et obésité en milieu urbain.

Certaints facteurs amplifient le risque de malnutrition. Ainsi, les jeunes femmes et adolescentes, vivant en milieu rural et marginalisées sont particulièrement à risque de maigreur. Les femmes âgées de 20 ans et plus, instruites, vivant en milieu urbain et dans les ménages les plus riches ont un risque élevé d’être en surpoids/obèse. Le surpoids et l’obésité chez les femmes sont également associés à un risque accru de pré-éclampsie (troubles hypertensifs au cours de la grossesse), cause de décès maternel, qui peut également entraîner des décès néonatals et infantiles.

  1. Les prédispositions à la maigreur : la jeunesse, l’abscence de travail, la faible instruction, la pauvreté et le milieu de résidence

Le risque de maigreur diminue avec l’âge chez les femmes. Avec l’âge, les femmes acquierent plus d’expérience en matière de pratiques alimentaires plus saines et bénéficient dans certains cas de plus de ressources propres. Les femmes qui travaillent sont moins susceptibles d’être maigres que celles qui ne travaillent pas. Le revenu de la femme constitue une source additionnelle qui garantit une sécurité alimentaire pour son ménage. Ainsi, l’autonomisation des femmes comme levier dans la luttre contre la malnutrition est importante. Plus le niveau d’instruction du partenaire est important, plus le risque de maigreur diminue. Le risque de maigreur augmente chez une femme au fur à mesure que le niveau de richesse du ménage diminue. Comme le souligne les tendances de la malnutrition au niveau des région (rapport N°2 du PCA 2019-2020 de la PNIN), les femmes qui vivent en milieu rural sont plus susceptibles d’être maigres que celles qui vivent en milieu urbain (faible diversité des produits en milieu rural, pouvoir d’achat plus faible en milieu rural).

  1. Les prédisposition au surpoids : L’âge, le statut marital, l’accès à l’emploi et à l’éducation, le niveau de richesse du ménage et le lieu de résidence

Le risque d’être en surpoids/obésité augmente quand la femme prend de l’âge. La femme mariée est plus susceptible d’être en surpoids/obésité que celle qui n’est pas mariée. Les femmes mariées sont d’une part candidates à la maternité, période durant laquelle la plupart des femmes prennent du poids (généralement dès leur première naissance). Les femmes qui travaillent et celles qui sont instruites sont respectivement plus susceptibles d’être en surpoids/obésité que celles qui ne travaillent pas et qui ne sont pas instruites. Les femmes qui travaillent et qui sont instruites vivent en majorité dans des ménages « aisés » où le risque de surpoids/obésité est plus élevé relativement aux ménages « pauvres ». Les femmes qui vivent en milieu rural sont moins susceptibles d’être en surpoids/obésité que celles qui sont en milieu urbain.Le milieu de résidence et la région sont d’importants facteurs explicatifs du surpoids/obésité chez les femmes du fait de la moindre disponibilité des aliments et boissons de consommation de masse transformés denses en « calories » et d’une activite physique plus importante en milieu rural. Enfin, le risque d’être en surpoids/obésité augmente avec le niveau de vie du ménage. Le surpoids/obésité est généralement imputable à une consommation alimentaire excessive en énergie et parfois pauvres en légumineuses et fruits et légumes.

  1. Poursuivre les efforts de renforcement des Systèmes de santé et communautaire

Ainsi, il reste encore un long chemin à parcourir pour disposer des systèmes de santé et communautaire qui fournissent un continuum de soins nutritionnels efficace et de qualité à toutes les femmes avant, pendant et après la grossesse. En effet, les couvertures des consultations prénatales (au moins quatre durant la grossesse), de la supplémentation en fer et acide folique (180 jours de prise de fer), de la prévention du paludisme et des helminthiases, des accouchements assistés par un personnel de santé qualifié en particulier les sages-femmes sont faibles et les goulots d’étranglement nombreux.

Suite aux résultats d’analyses, il importe que les nombreuses parties prenantes collaborent de manière à mener les actions suivantes :

  • Garantir l’accès généralisé à des soins nutritionnels (préventifs et curatifs) abordables avant, pendant et après la grossesse ;
  • Soutenir la prévention, le dépistage et le traitement des principaux problèmes nutritionnels rencontrés avant et pendant la grossesse chez les filles adolescentes, tels que la maigreur, les mariages précoces et l’accès à une alimentation saine (sure et diversifiée) ;
  • Accélérer les progrès dans l’amélioration a une plus grande échelle qu’actuellement des couvertures des interventions de nutrition pendant la grossesse en ciblant les groupes les plus vulnérables comme par exemples les femmes vivant en milieu rural oue encore et les femmes touchées par l’anémie aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain ;
  • Elargir Les politiques publiques de santé et nutrition maternelles aux dimensions associées telles que l’autonomisation des femmes à travers des programmes de micro-investissements et l’accroissement rapide de l’enrôlement des filles au secondaire et la lutte contre la pauvreté en milieu rural.
  • Accroitre les investissements dans la collecte systématique des données nutritionnelles chez les adolescentes et les femmes et leur utilisation pour la mobilisation de plus de ressources en vue de répondre aux besoins nutritionnels des groupes les plus vulnérables tels que définit dans le présent rapport.

Le présent document synthétise les résultats d’un mémoire de fin de cycle spécialité « Ingénieur Statisticien Economiste » de l’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée d’Abidjan encadré par Yatta Almoustapha, Analyste Principal de la PNIN.

Liens vers le rapports d’analyse :

  • PNIN, « Profil Nutritionneln des femmes selon les caractéristiques socio-économiques er sociodémographiques au Niger», 40 p., Mars 2020.

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