Étude sur la dynamique de la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages en milieu rural au Niger

Dans le cadre de la lutte contre la faim, le Niger a adopté plusieurs stratégies dont la Politique Nationale de Protection Sociale de 2011, le Dispositif National de Sécurité Nutritionnelle au Niger (2016-2025), le Projet Filets Sociaux, l’Initiative 3N « Les Nigériens Nourrissent les Nigériens » (I3N) et le Système d’Alerte Précoce (SAP). Malgré ces stratégies et programmes, la proportion de ménages vulnérables à l’insécurité alimentaire est d’environ 30 % en 2018 et la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire demeure une préoccupation majeure des autorités du Niger. Cette situation soulève les interrogations suivantes :

Comment et à quel rythme les ménages en situation de vulnérabilité changent-ils d’états alimentaires ?

Quelle est la tendance future des ménages vulnérables selon les classes d’insécurité alimentaire ?

Quelles sont les mesures possibles qui permettraient de combattre plus efficacement cette vulnérabilité à l’insécurité alimentaire ?

L’ensemble de ces questions fait ressortir la complexité du phénomène de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire. L’étude sur « la dynamique de la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages en milieu rural au Niger » s’inscrit dans la contribution du milieu académique dans la perspective de la valorisation des données multisectorielles sur la nutrition, soutenue par la PNIN. Conduite dans le cadre du mémoire professionnel des Élèves Ingénieurs Statisticiens Économistes de l’École Nationale de la Statistique et de l’Analyse Économique (ENSAE Dakar), l’étude se base sur les enquêtes sur la Vulnérabilité à l’Insécurité Alimentaire des Ménages (EVIAM) réalisées par l’Institut National de la Statistique (INS).

De 2010 à 2013, il a eu une dégradation de la sécurité alimentaire. En 2010, 30,4 % des ménages étaient « vulnérables » à l’insécurité alimentaire contre 47 % en 2013. Alors que 55,8 % des ménages étaient en sécurité alimentaire en 2010, cette proportion baisse à 29,2 % en 2013. Sur la période 2013-2018, la sécurité alimentaire s’est améliorée. Ainsi, la proportion de ménages « vulnérables » à l’insécurité alimentaire passe de 46,9 % en 2013 à 29,1 % en 2018. Malgré ces fluctuations, il y a peu de progrès en matière de sécurité alimentaire puisque la moitié des ménages en situation de sécurité alimentaire le reste. En effet, le taux de sédentarisation est de 29,4 % pour la période 2010-2013 et de 28,8 % pour la période 2013-2018 expliquant une forte mobilité de passer d’un état de sécurité alimentaire à un autre en particulier pour les populations les plus vulnérables. Au cours des périodes étudiées (2010-2013 et 2013-2018), 1 ménage en situation de vulnérabilité sur cinq (5) a connu un basculement défavorable en passant d’une situation de vulnérabilité à une situation d’insécurité alimentaire « modérée » ou « sévère ».

Selon l’étude, il y a une rapide transision des ménages de la vulnérabilité à la sécurité alimentaire car la transition des ménages de la classe des ménages « vulnérables » à la classe de ménages en « sécurité » alimentaire est plus rapide que la transition des ménages de la classe des ménages « vulnérables » à la classe des ménages en insécurité alimentaire « modérée » et en insécurité alimentaire « sévère ». Les politiques de protection sociale et de la réduction des inégalités dans le cadre de la lutte contre la pauvreté peuvent expliquer la résistance des ménages vulnérables à basculer dans l’insécurité alimentaire sévère.

La vulnérabilité à l’insécurité aliementaire persiste en l’absence de choc et sur le long terme. Selon les modèles de prévision de l’étude, en l’absence de choc éventuel et de maintien des politiques existantes, 1 ménage du 2 en état de sécurité alimentaire resterait en sécurité alimentaire. Ainsi, il importe de poursuivre les stratégies de protection sociale mises en place concourant à réduire davantage l’insécurité alimentaire. Cependant les actions doivent être renforcées sur des actions plus pérennes compte tenu de la forte mobilité des ménages d’un état de sécurité alimentaire à un autre. La mobilité entre les différents états d’insécurité alimentaire est forte. Selon les indices de mobilité qui permettent de savoir les ménages changent rapidement ou lentement d’état alimentaire, la mobilité est plus orientée vers les états alimentaires favorables.

Selon les résultats de cette étude, les recommandations portents sur l’importance de :

Maintenir les politiques déjà en place mais avec plus de ciblage concernant les transferts vers les ménages les plus démunis tels que les ménages dirigés par des femmes, dirigés par des chefs veufs ;

Maintenir les politiques déjà en place avec un ciblage des régions les plus vulnérables, les ménages de la région de Tahoua en particulier qui compte la plus grande proportion de ménages vulnérables selon l’étude ;

Apporter des aides particulières aux ménages ayant connu un choc en l’occurrence la perte d’emploi du chef de ménage, vols, dépenses exceptionnelles de santé. Les aides particulières ne doivent pas s’inscrire dans une logique d’urgence, mais dans une logique à moyen et à long terme comme le signale les fortes mobilités et les durées de transition d’un état de sécurité alimentaire à un autre ;

Promouvoir et appuyer les ménages dans les activités génératrices de revenus. Au-delà de la mise en œuvre d’actions multisectorielles, la création de bassin d’emploi, l’innovation, la soutien des activités économiques et la commercialisation, le transport de marchandises et la facilitation de la distribution des produits locaux sont autant d’actions à mener pour garantir la sécurité alimentaire (exemple du projet de mobilisation des eaux pour le renforcement de la sécurité alimentaire dans les régions de Maradi, Tahoua et Zinder (PMERSA-MTZ) sur la période 2010-2018) ;

Réaliser à la même période de chaque année les enquêtes EVIAM, afin de mieux comparer les résultats des études et mieux orienter les politiques publiques dans le domaine de la nutrition.

La publication de ce présent synopsis résume les résultats et recommandations du rapport réalisé par Souleymane Hamadou qui s’inscrit dans le cadre du cycle de valorisation de la  Plateforme Nationale d’Information pour la Nutrition (PNIN).

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