Le Niger organise une conférence multi-acteurs pour marquer la célébration de la Journée Mondiale de l’Alimentation (JMA), édition 2022 : « Ne laisser personne de côté ! Amélioration, de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie »

Le dimanche 16 octobre 2022, s’est tenu dans la grande salle de conférences du Palais des Congrès de Niamey, une Conférence des acteurs multipartites de la nutrition et des systèmes alimentaires pour marquer la célébration de la 42e édition de la Journée Mondiale de l’Alimentation (JMA) sous le thème : « Ne laisser personne de côté ! Amélioration, de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie ».

 La cérémonie officielle de lancement de la JMA 2022 a été présidée par le Ministre de l’Élevage, porte-parole du Gouvernement, M. Tidjani Idrissa Abdoulkadri, assurant l’intérim du Ministre de l’Agriculture, Dr. Alambedji Abba Issa. Cette année, le lancement officiel de la JMA a été couplé avec celui de la Journée Internationale de la Femme Rurale (JIFR), sous le patronage de la Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Allahoury Aminata Zourkaleini.  Son thème est « L’autonomisation des femmes rurales, clé d’un Niger sans faim ni pauvreté ».

La conférence a été organisée à l’initiative des réseaux du mouvement Scaling Up Nutrition (SUN) du Niger. Elle a été lancée par le Secrétaire General Adjoint du Haut-Commissariat à l’Initiative 3N « les Nigériens Nourrissent les Nigériens » (HC3N), M.  Moussa Paraiso Vincent. Elle a été facilitée par Dr Aboubacar Mahamadou, Coordonnateur de la Cellule Nutrition du HC3N. Divers acteurs de la nutrition et des systèmes alimentaires, notamment des représentants des institutions publiques du secteur du développement rural, de la protection sociale, de l’éducation, de la santé, des ONGs, des institutions universitaires et de recherche, de la société civile, des agences des Nations Unies et d’autres partenaires techniques et financiers, ont pris part à cette conférence.

L’objectif principal de la conférence était de discuter des défis et opportunités, de promouvoir l’approche des systèmes alimentaires durables pour améliorer la production alimentaire diversifiée et de qualité et le bien-être de tous. Une présentation introductive a été faite sur le thème de la JMA 2022 également retenu comme principal thème de la conférence, suivie par un panel de discussions avec trois présentations dont un publi-reportage.

La présentation introductive sur le thème général « Ne laisser personne de côté ! Amélioration, de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie » a été faite par Dr. Gervais D. Ntandou-Bouzitou, chargé des Politiques pour la Nutrition et les Systèmes Alimentaires à la FAO-Niger et assistant technique au HC3N. Cette présentation a abordé l’approche des systèmes alimentaires pour l’amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie afin de ne laisser personne de côté. L’orateur a rappelé brièvement la notion de système alimentaire comme un ensemble comprenant les chaines d’approvisionnement, les environnements alimentaires et les comportements des consommateurs. Il a illustré son propos à travers une représentation graphique des fonctions principales du système alimentaire, notamment a) la production alimentaire, b) le traitement, stockage et transformation des aliments, c) le commerce, transport et marketing des aliments, et d) le choix, la préparation et la consommation des aliments. Il a aussi rappelé l’importance de considérer dans chacune de ces fonctions des aspects transversaux comme le genre et l’équité. Les systèmes alimentaires sont négativement affectés par divers chocs (climatiques, démographiques, économiques, sanitaires, sécuritaires…) entrainant l’augmentation de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et des inégalités touchant particulièrement les populations rurales. Il est important de protéger ces dernières pour ne laisser personne de côté.  Cela est possible dans une approche holistique à travers les systèmes alimentaires favorables aux « 4 A » : 1) Amélioration de la production à travers des modes de production durables,  2) Amélioration de la nutrition en concrétisant la sécurité alimentaire et la bonne nutrition, 3) Amélioration de l’environnement à travers la restauration et le protection des écosystèmes terrestres et marins et la lutte contre le changement climatique, et  4) Amélioration des conditions de vie à travers la promotion de la croissance inclusive et la réduction des inégalités. Dans la seconde partie de sa présentation, le conférencier a rappelé que le Niger a souscrit à des engagements nationaux et internationaux en matière de transformation des systèmes alimentaires à la suite d’un processus participatif et inclusif réalisé en 2021[1][2] lors du sommet des Nations Unies sur les systèmes Alimentaires (Septembre 2021) et du Sommet Nutrition pour la Croissance (N4G, Décembre 2021).

Le Panel de la conférence a traité le thème « Assurer la production d’aliments nutritifs, diversifiés et sains tout au long de l’année pour améliorer la nutrition, la santé et les conditions de vie ». La première communication sous forme de publi-reportage a été faite par Mme Hassane Aissatou Cissé, Cheffe Division Alimentation et Nutrition à la Direction Générale de l’Agriculture et Coordonnatrice du Groupe Technique Nutrition sensible (GTNS). Elle a porté sur le sous- thème : « Qualité des aliments vendus dans la rue et dans les écoles : constats, défis et perspectives ». Le publi-reportage a permis de susciter des discussions sur l’hygiène, la sûreté et la qualité nutritionnelle des aliments vendus dans la rue et dans les écoles. La consommation d’aliments contaminés est nuisible à la santé. Les personnes célibataires, les étudiants, les écoliers et les travailleurs sont les plus exposés au risque sanitaire potentiel qui y est associé. Les exigences en matière d’hygiène sur les aliments offerts par les vendeuses aux consommateurs sont faibles et le risque élevé de contamination le long du processus d’achat, transport, préparation, cuisson et consommation. L’environnement insalubre des lieux de vente et les mauvaises conditions d’hygiène sur toute la chaine de services de vente et de consommation sont, entre autres, des sources de contamination microbiologiques des aliments. Les vendeuses des écoles reçoivent une « certification » les autorisant à vendre les aliments aux écoliers. Cependant les contrôles sanitaires ne sont pas effectués régulièrement. Les décideurs publics et la population doivent être davantage informés et sensibilisés sur les mesures de sécurité sanitaire des aliments à mettre en œuvre pour réduire les risques de contamination des aliments et les maladies/affections qui y sont associées. La sécurité sanitaire des aliments (SSA) est l’affaire de tous.

La seconde présentation du panel a porté sur le sous-thème « Les Farines Infantiles Fortifiées à base des produits locaux au Niger » et a été animée par M. Moussa Hainikoye, Directeur Pays de l’ONG GRET au Niger. L’expérience de l’ONG GRET et de ses partenaires dans la production des farines infantiles fortifiées a été partagée. Les divers appuis apportés au renforcement de la production des produits fortifiés, notamment la construction de bâtiments et l’équipement de groupements de femmes transformatrices en milieu rural, leur formation en matière de production, le contrôle de qualité, la gestion, ont été exposés. L’expérience de stratégies de distribution des produits locaux transformés (farines fortifiées) a été également présentée. GRET et ses partenaires appuient aussi les unités de production (UP) sur la promotion par des médias de proximité des produits respectant les normes nationales et le « Code international de commercialisation des substituts au lait maternel ». Les défis de la chaine de valeur des farines fortifiées, notamment l’approvisionnement en complexes multivitaminés (CMV), l’emballage, la disponibilité et la traçabilité des matières premières, l’accès aux financements et l’augmentation des ventes privées, ont été précisés. Des mesures fiscales telle que la détaxation des CMV et autres intrants importés et la mise à l’échelle des UP sont nécessaires pour accroitre les revenus des petits exploitants de la chaine de production des farines infantiles fortifiées dominés par les femmes.

La dernière présentation du panel a porté sur « les défis et opportunités de production des données de qualité pour alimenter le plaidoyer, aider à la prise des décisions et faciliter le suivi-évaluation des progrès ». Elle a été animée par M. Mababou KEBE, statisticien-analyste, assistant technique pour la Plateforme Nationale d’Information sur la Nutrition (PNIN). Il a présenté les différents systèmes d’information sur la nutrition au Niger dont le rôle est de collecter, stocker, analyser et partager des données et informations sur le statut nutritionnel et ses déterminants. Les défis importants qui limitent la capacité des producteurs de données nutritionnelles et rendent difficiles l’accès et l’utilisation des données ont été exposés. Parmi ces défis figurent le financement, la pérennité des systèmes d’information, le renforcement des capacités, la dissémination et l’utilisation de l’information. Toutefois, le Niger, pour bâtir un système d’information nutritionnelle performant et pérenne, peut s’appuyer sur plusieurs opportunités, dont l’existence de plusieurs systèmes d’information nutritionnelle aux niveaux national et infranational, la régularité de certaines enquêtes nutritionnelles, la révision de la loi statistique en cours, le rôle joué par le HC3N dans la gouvernance et la coordination multisectorielle et l’existence d’une PNIN. Afin de faciliter le suivi de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN) et des politiques sectorielles, la PNIN a mis en place un système d’information centralisé pour stocker et diffuser les indicateurs multisectoriels sur la nutrition et mettre à la disposition de toutes les parties prenantes des données fiables répondant aux critères de qualité prédéfinis.

Les principales recommandations découlant des riches discussions entre les panelistes et les participants sont :

  • Rendre systématique l’organisation des conférences lors des célébrations des JMA et assurer la présentation sur le thème général de la JMA au cours de la cérémonie officielle de lancement en présence de tous les décideurs et les autres acteurs invités ;
  • Sensibiliser davantage sur l’approche des systèmes alimentaires et vulgariser la feuille de route d’opérationnalisation des voies prioritaires de transformation des systèmes alimentaires du Niger ;
  • Renforcer la sensibilisation sur l’importance de la sécurité sanitaire des aliments vendus sur la voie publique et produire d’autres publi-reportages relatifs à leurs dimensions économique, nutritionnelle et de planification urbaine ;
  • Créer un environnement favorable à l’augmentation de la couverture de la fortification des farines infantiles au niveau communautaire ;
  • Faire mieux connaitre le portail web de la PNIN et valoriser davantage ses produits et services pour la prise de décision.

 

[1] Note de synthèse des concertations sur les systèmes alimentaires au Niger. Septembre 2021

[2] Feuille de route pour opérationnaliser les voies de transformation des systèmes alimentaires pour une alimentation saine à l’horizon 2030 au Niger, septembre 2021

Voir ci-dessous les liens pour télécharger les différentes présentations :

 

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